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Exclusion d’Anna-Gwanaélle Mouwoyi-Bifaghou : quand le ministère s’enlise dans une défense polémique

L’affaire fait grand bruit depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux et dans l’opinion publique. L’exclusion définitive d’Anna-Gwanaélle Mouwoyi-Bifaghou, élève de l’Institution Immaculée Conception, a soulevé un tollé national, mettant en lumière non seulement les tensions autour de la gestion des conflits scolaires, mais surtout les méthodes controversées du ministère de l’Éducation nationale, chargé de la Formation civique, dans sa tentative de justification.

Tout est parti d’une altercation survenue dans l’enceinte de l’établissement catholique, impliquant plusieurs élèves. À l’issue de l’incident, un conseil de discipline a statué sur l’exclusion définitive de tous les protagonistes, y compris Anna-Gwanaélle Mouwoyi-Bifaghou. Jusque-là, le traitement semble équitable. Mais très vite, la situation dérape : des voix s’élèvent pour dénoncer un traitement injuste infligé à l’élève, que certains perçoivent comme victime.

Face à l’ampleur des réactions en ligne, le ministère publie un communiqué officiel visant à rétablir ce qu’il présente comme « la vérité des faits ». Ce document affirme que l’élève exclue serait en réalité l’instigatrice de la bagarre, connue pour son comportement provocateur, avec des antécédents disciplinaires documentés. Une « mesure juste », affirme-t-on, dans le respect du règlement intérieur de l’école.Um

Un communiqué sous le feu des critiques

Mais loin d’apaiser les tensions, ce communiqué jette de l’huile sur le feu. Et pour cause : dans sa volonté de défendre l’établissement et la décision disciplinaire, le ministère s’est livré à une divulgation massive de données personnelles sur une mineure.

Nom complet, lieu de résidence, comportement antérieur, informations sur les parents, voire même le groupe sanguin de l’élève concernée, autant d’éléments rendus publics en violation manifeste de plusieurs dispositions légales en vigueur au Gabon.

De nombreux juristes, enseignants et défenseurs des droits de l’enfant pointent notamment la Loi n°025/2023 relative à la protection des données à caractère personnel, ainsi que le Code de l’enfant, qui encadrent strictement l’usage des informations sensibles, surtout lorsqu’elles concernent des mineurs.

Une maladresse symptomatique ?

Pour beaucoup, la communication du ministère illustre une dérive inquiétante : celle d’un réflexe institutionnel qui préfère se défendre à tout prix, quitte à piétiner les droits fondamentaux qu’il est censé protéger. En s’en prenant ainsi à une adolescente sur la place publique, le ministère a, selon ses détracteurs, basculé dans une forme de disqualification morale.

Cette stratégie de justification pose une question de fond : l’autorité éducative peut-elle, pour préserver sa réputation ou sa crédibilité, exposer une élève à la vindicte publique sans respecter les lois de protection des enfants ? Peut-elle ignorer l’obligation de confidentialité et de respect de la dignité inhérente à toute procédure disciplinaire impliquant un mineur ?

Une affaire révélatrice

Au-delà du cas d’Anna-Gwanaélle, cette affaire soulève des interrogations plus larges sur la manière dont les établissements et l’administration gèrent les cas de violence en milieu scolaire. Elle met en lumière l’absence d’une communication éthique, équilibrée et juridiquement encadrée, dans un contexte où les réseaux sociaux imposent une pression constante sur les institutions. Mais aussi la nécessité pour les parents quand il y a un conflit se déroulant dans un établissement de se diriger dans un premier temps vers les autorités de l’établissement concerné.

Le tollé provoqué par cette affaire témoigne d’un besoin urgent : celui d’une réforme profonde de la gestion disciplinaire en milieu scolaire, où l’équité ne doit pas se faire au détriment de la légalité, ni du respect de la personne humaine surtout lorsqu’il s’agit d’un enfant.

En voulant affirmer son autorité, le ministère semble avoir ouvert une brèche inquiétante dans la confiance entre les citoyens et l’école. L’enjeu désormais n’est plus seulement de trancher qui a eu tort ou raison, mais de tirer les leçons d’un traitement mal maîtrisé, pour que plus jamais la défense d’une institution ne rime avec l’exposition d’un mineur.

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